La Super Ligue européenne est-elle ou non en marche ? Des rumeurs circulent sur la volonté des poids lourds du football européen de lancer une nouvelle compétition. Récemment, ces hypothèses sont devenues encore plus tangibles. En plus des noms de clubs présumés impliqués, un projet de compétition et un plan de financement ont été dévoilés au public. Il y aurait même une date de lancement. 

Les deux camps ont des arguments à faire valoir. D’un côté, des rencontres chaque week-end entre les meilleurs clubs d’Europe (Manchester United, Real Madrid, Bayern Munich, Liverpool, Paris…), pour les fans de la Super Ligue européenne. Or, pour ses détracteurs, cette nouvelle ligue va dévaloriser les compétitions nationales, en privilégiant seulement les clubs les plus riches. La question que l’on peut se poser est donc la suivante : Cette Super ligue n’est-elle pas déjà présente en Europe ? Le site de paris foot Betway mène l’enquête. 

La Ligue des Champions est une compétition très sélecte, malgré l'augmentation considérable du nombre de participants, qui ne sont plus seulement issus des principaux championnats européens. Les clubs qui réalisent de bons résultats d’une année sur l’autre sont souvent les mêmes. Des clubs allemand, anglais, espagnol, italien pour la plupart. Le PSG fait exception pour la France puisqu’il atteint les huitièmes de finale tous les ans depuis 2012/2013. Nous retrouvons aussi régulièrement les clubs les plus importants du Portugal ou de Turquie. Mais les clubs danois, roumain, russe ou polonais ne sont quasiment jamais présent au dela de la phase de poules.

Quelques rares exceptions

Durant les phases de groupes de la Ligue des Champions, les petits clubs se retrouvent mélangés avec les grands. Néanmoins, rares sont ceux qui parviennent à terminer à la première ou à la seconde place synonyme de qualification pour les huitièmes de finale. Et rares sont les outsiders qui parviennent jusqu'aux quarts de finale ou au-delà. Et l'époque où les outsiders créaient la surprise remonte à il y a presque vingt ans. En 2004, le FC Porto de José Morinho avait remporté le trophée en finale contre l'AS Monaco.

Valeurs marchandes des meilleurs joueurs après la saison 2003/2004

Arsenal : Thierry Henry, 45 millions d'euros

Manchester United : Ruud van Nistelrooy, 45 millions d'euros

Real Madrid : Ronaldo, 45 millions d'euros

Chelsea : Frank Lampard, 34 millions d'euros

Bayern Munich : Michael Ballack, 30 millions d'euros

FC Porto : Ricardo Carvalho, 30 millions d'euros

AC Milan : Andriy Shevchenko, 28 millions d'euros

Juventus Turin : Pavel Nedved, 28 millions d'euros

Olympique Lyonnais : Michael Essien, 23 millions d'euros

Deportivo La Corogne : Albert Luque, 20 millions d'euros

AS Monaco : Ludovic Giuly, 15 millions d'euros

Real San Sebastian : Nihat Kahveci, 12 millions d'euros

VfB Stuttgart : Kevin Kuranyi, 8 millions d'euros

Celta Vigo : Juanfran, 7,5 millions d'euros

Lokomotiv Moscou : Marat Izmailov, 6 millions d'euros

Sparta Prague : Karel Poborský, 3 millions d'euros

(En date du 04.10.2004)

 

Depuis plusieurs années, les graveurs ont connu quelques récurrences au moment de graver le nom du vainqueur sur le trophée : Barcelone cinq fois, le Real Madrid quatre fois, le Bayern Munich et Liverpool deux fois, et quatre clubs l’ont remporté à une reprise : Chelsea, Man United, l’Inter Milan et l’AC Milan. À l'exception des clubs italiens, ils ont tous une chose en commun : faire partie du top 10 des équipes à la valeur marchande la plus élevée en Europe. 

L'équipe de Liverpool a même franchi un seuil symbolique : l'équipe des Reds vaut 1,1 milliard d'euros. Sadio Mané et Mohamed Salah valent 120 millions d'euros chacun, tandis que Trent Alexander-Arnold a une valeur marchande estimée à 110 millions d'euros. 

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Le succès est-il donc garanti ? Il est indéniable que de bonnes conditions économiques permettent d'atteindre plus facilement le sommet. Parmi les 16 équipes atteignant les huitièmes de finale de la Ligue des Champions cette saison, on trouve huit clubs dont les effectifs figurent parmi les dix clubs ayant le plus de valeur au monde. Seuls Manchester United (769,35 millions d'euros, 8e place) et Tottenham Hotspur (742,55 millions d'euros, 9e place) ne sont pas, ou plus, dans la compétition. 

Ce qui nous ramène au sujet qui nous intéresse, car le calcul n'est pas aussi simple que cela. Derrière Liverpool, Manchester City occupe la deuxième place avec une valeur d'effectif de 1,06 milliard. Cependant, malgré plusieurs tentatives, les Skyblues n'ont pas encore réussi à remporter le titre de champion d'Europe, même sous la direction de Pep Guardiola.

Tous ensemble pour le titre

L'aspiration au titre de champion est tout aussi grande - et cependant tout aussi vaine - au Paris Saint-Germain. L'effectif de l'équipe française est classé quatrième dans le top 10 avec une valeur de 870 millions d'euros. Après tout, ils ont atteint la finale de la Ligue des champions en 2019/20, mais se sont finalement inclinés contre le Bayern Munich. Leur effectif est classé troisième avec une valeur de 891,4 millions d'euros - sans aucun joueur dans le top 10 des plus grandes valeurs mondiales. Serge Gnabry est toujours en vue à la 13e place avec une valeur marchande de 90 millions d'euros. 

A propos de Paris, il est évident que même les méga-transferts ne mènent pas nécessairement au trône européen. La somme astronomique de 180 millions d'euros a été investie dans Kylian Mbappé, et le transfert record de 222 millions d'euros pour Neymar. Les titres nationaux se succèdent - mais pas de victoire en Ligue des Champions. La récente signature de Mauro Icardi pour 50 millions d'euros va-t-elle changer la donne ? 

Chelsea a refait entièrement peau neuve avant la saison 2020/21. Les Londoniens ont dépensé 247,2 millions d'euros lors du mercato estival, parmi lesquels 80 millions d'euros à Leverkusen pour le transfert de Kai Havertz. Manchester City a dépensé 171,8 millions d'euros, dont 68 millions pour le défenseur Rúben Dias. Le FC Barcelone (119 millions d'euros, dont 60 millions pour Miralem Pjanic) et la Juventus Turin (110,2 millions d'euros, 72 millions pour Arthur) ont également dépensé des centaines de millions.

Une société à deux vitesses au sein de la Ligue des champions ?

Ces chiffres montrent que même au sein de la Ligue des Champions, l'écart est impressionnant. En comparaison, le Borussia Mönchengladbach, vainqueur des huitièmes de finale, a renforcé son effectif avec Valentino Lazarao et Hannes Wolf, qui ont coûté respectivement 1,2 et 1,5 million d'euros. Le FC Porto a signé Evanilson pour 7,5 millions d'euros. 

Lors des phases de groupes, les clubs allemands ont montré qu'ils étaient capables de contrer les grands avec des ressources relativement modestes. Dans le groupe B, le Real Madrid (effectif de 802 millions d'euros) a terminé à la première place, tandis que le Borussia Mönchengladbach (effectif de 343,13 millions d'euros) a obtenu la deuxième place. L'Inter Milan (valeur de l'effectif : 607,3 millions d'euros) n'a, quant à lui, pas réussi à se qualifier pour la Ligue Europa. 

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Un exploit similaire a été réalisé par le RB Leipzig, qui se trouve dans le bas du tableau des prétendants aux huitièmes de finale avec une valeur d'effectif de 552,68 millions d'euros. Dans le Groupe H, ils ont dû céder la première place au Paris Saint-Germain, mais ont devancé ManU, dont le budget s'élève à 769,35 millions d'euros.

Bien acheté ou bien travaillé

Les performances deviennent encore plus impressionnantes lorsque l'on considère non pas la valeur actuelle de l'effectif, mais l'argent qui a été investi dans la construction de chaque équipe ces dernières années. Manchester United arrive troisième, avec environ 680 millions d'euros, et seules deux autres équipes ont investi davantage. L'Inter Milan a investi un peu moins de 300 millions d'euros. Le RB Leipzig, quant à lui, a dépensé moins de 150 millions d'euros pour construire un effectif qui vaut aujourd'hui près de quatre fois cette somme. Et Gladbach ? Les Poulains ont dépensé environ 120 millions d'euros pour leur effectif. Il est actuellement estimé à près de 343,13 millions d'euros. 

Ainsi, malgré des budgets différents, la Ligue des Champions s'annonce passionnante à son retour à la mi-février pour les huitièmes de finale. La somme de 1,1 milliard d'euros (Liverpool) battra-t-elle celle de 552,68 millions d'euros (RB Leipzig) ? Est-ce que 357,3 millions d'euros (Lazio Rome) pourront rivaliser avec les 891,4 millions d'euros (Bayern Munich) ? Est-ce que les 100 millions d'euros d’Erling Haaland (valeur marchande) suffiront contre les 50 millions d'euros de Jules Koundé (valeur marchande) ? 

Les surprises, en tout cas, ne sont pas à exclure. Cet espoir a été récemment nourri par l'Ajax Amsterdam (valeur de l'effectif : 342,55 millions d'euros), qui n'a échoué que dans une demi-finale mouvementée en 2018/2019 face à Tottenham. Cependant, il est difficile de croire qu'un coup comme celui du FC Porto en 2004 puisse se reproduire à l'heure actuelle. Peut-être qu'une Super Ligue est nécessaire pour faire pencher la balance du pouvoir ailleurs.

(Toutes les données présentes et utilisées dans cet article proviennent de Transfermarkt)